Nicola Niclass
Directeur en Coaching Philosophique
en Éthique Appliquée
Je suis né au printemps. J'ai étudié en Suisse la philosophie et la théologie à l'Université afin de comprendre le monde. J'ai également un brevet fédéral en gestion du personnel. Ce sont les hommes qui font les entreprises et non les logos.
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Mes Livres

Tous mes livres sont au format Kindle ou broché, disponibles sur Amazon ! 

Événements

18-22 mai 2022
Salon du Livre en Ville
Comme vous le savez peut-être, le Salon du Livre en Ville, qui remplace le Salon du Livre de Genève, aura lieu fin mai.

Pour notre part, nous aurons la chance d'avoir un stand avec les autres maisons d'édition diffusées par Heidiffusion (Cousu Mouche, Auzou, Plaisir de Lire et d'autres) du :

Vendredi 20 mai à 15h au dimanche 22 mai à 17h.
Aucun événement prévu pour le moment.

À propos

Biographie

Nicola Niclass est un philosophe Suisse. Sa spécialité est le coaching philosophique en éthique appliquée. Il termine sa maturité professionnelle commerciale dans un collège catholique. Il travaille dans le cadre de multinationales et il acquiert son brevet fédéral en gestion du personnel. Il étudie la philosophie et la théologie à l'Université de Lugano. Il obtient une excellente mention.

A 25 ans, il crée sa propre entreprise d'importation de produits chinois. Il implante avec succès la marque "CBA" pour le marché helvétique. Ensuite, il travaille dans le domaine financier et la vente de vins luxueux. La crise de 2008 secoue les marchés internationaux.

Il entreprend à 33 ans des études philosophiques. Le dialecticien Nicola Niclass crée une nouvelle société en 2017 de coaching philosophique et d'écriture. Il s'associe avec l'artiste Suisse très connu Gilles Rotzetter.

Ses concepts philosophiques

La pensée est le propre de l'individu. Dès que l'homme pense, il s'interroge. L'amour crée le monde. L'amour est la vie. Les raisonnements respectueux et élogieux pour la vérité sont légions mais c'est un art de dire la vérité et de repérer les menteurs.

Le mensonge est souvent la source de conflits. Cet érudit dénonce les artifices utilisés pour duper son prochain à des fins mercantiles. La cupidité comme l'orgueil sont les fondements des actes immoraux.

Ses observations sur le comportement de l'individu en société lui permettent d'élaborer une méthodologie de l'action éthique adaptée aux défis du 21ième siècle. Ai-je le droit de mentir afin de défendre mes intérêts personnels ?

Chaque instant de notre vie, nous devons choisir, donc accomplir des actes. Nos expériences et nos connaissances nous aident à créer notre bonheur.

Les apprentissages de l'existence agissent sur les sentiments. Cette éducation singulière influence l'individu dans son quotidien. L'être rationnel devient un être de passion et de désir.

L'extrait ci-dessous du livre "Coaching philosophique" de la société des écrivains illustre quelques pensées du dialecticien Nicola Niclass.

"Nicola Niclass explore des thèmes qui nous concernent tous car nous sommes les acteurs de notre bonheur : agir, être aimé et se sentir bien dans son corps afin d'être en harmonie avec son esprit. L'auteur aborde d'abord avec justesse le délicat sujet de la religion qui peut nous aider dans les moments difficiles mais qui, hélas, peut également détruire notre liberté de raisonnement. Puis, de ses mots réfléchis, Nicola Niclass approfondit divers concepts en nous ouvrant différentes fenêtres sur d'autres horizons de pensées éclairées et humanistes. Comme à l'accoutumée, il parvient avec magnificence à nous offrir de nombreuses clés pour progresser avec tempérance et sagesse dans notre quête vers le bonheur."

Sa vision du bonheur

Il faut être courageux pour être heureux car il faut du courage pour être soi-même. La résolution d'entreprendre les actions nécessaires à une vie radieuse demande de l'énergie et de la patience. Il n'est pas aisé de se débarrasser de ses mauvaises habitudes.

Pour être heureux, il faut également s'intéresser aux individus. Le bonheur se partage et se propage. Celui qui va à la rencontre des besoins d'autrui est celui qui connaîtra les plus beaux moments de sa vie.

L'extrait ci-dessous de l'ouvrage "Ecrits philosophiques" de la société des écrivains expose quelques raisonnements du métaphysicien Nicola Niclass.

"Nicola Niclass n'analyse pas seulement les théories éclairées de Maurice Nédoncelle, de William Dubois et d'Adam Smith, il les approfondit philosophiquement en explorant avec sagesse les notions essentielles de la vie. Cet auteur ouvre plus largement notre champ de vision en nous offrant différents angles d'approches sur l'amour, le bonheur et l'économie."

La conception du bonheur est souvent traité par les philosophes existentialistes et moralistes. Cet érudit décrit une épistémologie de la félicité facilement applicable dans le quotidien stressant du 21ième siècle.

Il interroge son lectorat sur leur existence. L'homme contemporain agit rapidement mais souvent au détriment de la réflexion. L'immédiat institue une société stressante.

Sa vision de l'écriture

Ecrire est un dialogue avec soi-même et le lecteur. L'imagination et les pensées consentent à la narration de l'écrivain. La lecture est un travail sur soi-même. La lecture permet de découvrir l'authenticité de son âme.

L'enseignement des grandes sagesses contribue à une approche plus bénéfique des événements de la vie. L'incontestable s'avère inutile car s'interdire certains thèmes de discussion n'est pas digne de la dialectique.

L'écriture permet de changer les mentalités. Ce moyen de communication est redoutable. Il peut encourager la paix comme la guerre ou la haine. Les récits de l'écrivain Nicola Niclass interpelle le lecteur. Il le questionne. Il le sollicite. Il délibère avec lui des idées instituées par les valeurs de la société. Etes-vous prêt à appréhender vos problèmes différemment ?

Le métier d'écrivain

Ecrire est un art. Ecrire c'est lire, relire et corriger. Ecrire c'est accepté la critique constructive comme destructive. Ecrire c'est amplement de travail.

Rarement, il y a de la gloire sans labeur. Rarement, il y a un bestseller sans échec. L'écrivain rédige et perfectionne sa rédaction. Il contrôle chaque phrase et la concordance de sa dissertation.

L'artiste de la plume doit apprendre à gérer son temps et à se comporter comme un chef d'entreprise. Il doit vendre ses manuscrits. Il doit s'investir pour obtenir de la notoriété auprès des éditeurs, des maisons de diffusions et des libraires. Egalement, il présentera des projets éditoriaux aux fondations qui appuient la culture.

Les lecteurs déterminent la grandeur du virtuose de l'emploi des mots. Les lecteurs sont le marché et le marché détermine le succès d'un livre ou non.

Ecrire est un métier. Cette profession est en constante mutation en raison du développement rapide des supports numériques et technologiques. Internet concède aux consommateurs des possibilités incommensurables de se renseigner sur vos œuvres et sur vous. Internet a encouragé l'autoédition de livres et d'e-books. Il est conseillé d'acquérir des compétences en marketing digital pour augmenter ses ventes.

Ecrire est un métier créatif. Ecrire c'est respecté son lectorat. Ecrire c'est renouvelé sans cesse son savoir, son savoir-être et son savoir-faire.

Ses genres littéraires

Sa formation religieuse et philosophique se ressent dans ses premières œuvres. Les écrits de "Saint-Augustin" comme les mythes de "Platon" le guident dans la réalisation de ses premiers ouvrages. Ses études lui font découvrir des penseurs tels que l'afro-américain "William Dubois" ou le théologien "Maurice Nédoncelle".

Le dialecticien Nicola Niclass s'oriente vers le recueil de nouvelles. Il s'inspire d'événements véridiques pour créer ses personnages et les trames de ses histoires. Il lie à la perfection les faits fictifs et réels. L'ambiance particulière de ses récits témoigne du talent de l'auteur.

La collaboration avec l'artiste Suisse "Gilles Rotzetter" lui permet de rédiger la dissertation de la saga de "Yahmatto". Cet ouvrage est "un livre dont vous êtes le héros". A la fin des paragraphes, le lecteur est obligé à effectuer des choix. D'une certaine manière il compose sa propre histoire.

" – Celui qui investit dans le bonheur, vit heureux." Nicola Niclass

" – Il existe une loi naturelle, tôt au tard on est rattrapé par la réalité." Nicola Niclass

" – L'âme et le corps sont liés par l'amour de la vie." Nicola Niclass

Articles de presse

"Je suis un forçat des lettres" par Philippe Bouvard

Informations Immobilières N°134 - printemps 2021
Entre couvre-feu et reconfinement qui inscrivent la liberté d'aller dehors sur la liste des paradis perdus, j'ai osé sortir mon 67e* et dernier (c'est juré !) livre. Plusieurs raisons expliquent cette décision tardive. D'abord, n'ayant plus rien à dire, je crois avoir épuisé toutes les façons de me répéter, fut-ce avec d'autres mots ; ensuite, le métier d'écrivain ou assimilé implique la contemplation d'un nombril dont j'ai terminé depuis longtemps la découverte ; enfin, tout ce qui précède une publication relève des travaux forcés. Ajoutez à cela que nombre d'auteurs de chef-d'œuvre se sont contentés d'un seul bouquin.

Tout commence par la recherche d'un sujet puis d'un éditeur. Lorsqu'on fait carrière depuis plusieurs décennies dans les librairies, conscient d'encombrer davantage les bibliothèques que de meubler les esprits, on a eu plusieurs éditeurs. Il convient d'éliminer ceux avec lesquels on s'est fâché, ceux qu'on soupçonne de minorer le nombre d'exemplaires vendus et ceux qui considèrent que la promotion ne concerne que les petits pois. L'accord peut se conclure au cours d'un déjeuner plus ou moins gastronomique mais dont l'éditeur règlera toujours l'addition. Entre les escargots et paris-brest, on discute les conditions. A savoir, le nombre de pages, la date de parution, le pourcentage sur les ventes ainsi que l'à-valoir qui peut aller du simple remboursement du papier noirci à une petite fortune et la couverture (avec photo si l'on a déjà montré le bout de son nez à la télé). Dans cette perspective, toutes les options sont possibles : caricature, portrait datant de la première communion, image plus récente mais bien retouchée. Certes, le sort réservé aux "précédents ouvrages du même auteur" constitue l'élément déterminant du traitement ainsi que l'importance du tirage en fonction des succès passés sachant que la réimpression n'interviendra que si l'on a fait bonne impression. Je n'oublie pas l'appréhension qu'à 91 ans, on accouche d'un bébé mal formé. Les spécialistes affirment que le titre contribue aux ventes à hauteur de 50%. Il peut n'avoir aucun rapport avec l'histoire qu'il raconte mais il ne doit pas avoir été précédemment utilisé. Il est donc recommandé de consulter son entourage avant de le choisir.

Sur la table de la salle à manger ou au bout du monde

Après quoi, on se met au travail. Avec un vieux stylo ou un ordinateur de la dernière génération. Sur sa table de salle à manger, dans son bureau ou dans un local extérieur loué pour ne pas être dérangé. Il est également permis de s'en aller tartiner à l'autre bout du monde si l'on est certain de pouvoir faire assimiler les dépenses de voyages et de séjour à des frais professionnels. Si par facilité ou par lassitude on a renoncé à l'écriture, on a le choix entre la dictée à une secrétaire ou à un appareil. Mais l'enregistreur est beaucoup moins sexy. En s'imposant une production quotidienne ou en ne tenant compte que de son inspiration et de son courage, au bout d'un mois, il est loisible de garder secret le début de son manuscrit ou de donner à quelques proches lecture des passages estimés les plus réussis. Les semaines passent. L'éditeur s'impatiente. On le rassure en lui adressant copie d'un chapitre. Le premier si l'on n'a pas été plus loin.

Rappel du big boss quelques jours plus tard pour solliciter la participation à "une réunion de commerciaux". On se trouve alors en face d'une trentaine de représentants très disponibles si l'on est le premier à prendre la parole, au bord de la sieste si l'on intervient très tard. On dispose d'une dizaine de minutes pour évoquer avec enthousiasme une tâche imposée par la quête d'un revenu ou d'un complément de ressources. Puis on remercie chaleureusement de leur attention ces intermédiaires qui, avant la parution, communiqueront à l'éditeur les "notés" recensant les intentions d'achat.

Quand l'écriture est achevée, on n'échappe pas aux relectures de ce qu'on nomme très justement des épreuves. Elles exigent beaucoup de vigilance, un sens critique évitant l'autosatisfaction et une collection de dictionnaires. Il s'agit de traquer les redites d'anecdotes et les répétitions de vocable, les fautes de syntaxe, les impropriétés. La suppression des passages inutiles ne va pas sans le risque de transformer un gros livre en petit fascicule. Heureusement, on dispose du secours des correcteurs en chair et en os beaucoup plus savants que leurs homologues de l'informatique. Ces censeurs ne laissent pas plus passer une erreur de date qu'un à-peu-près scientifique. Ils n'ont pas leur pareil pour conseiller l'élimination des phrases auxquelles on tenait le plus. Voire pour ajouter quelques lignes de leur façon. Les avocats ont aussi leur mot à dire car tous les éditeurs appréhendent les procès. L'auteur montre davantage d'indulgence pour son jus de crâne et se contente de s'en gargariser. Or, la meilleure méthode - mais il l'ignore - consisterait à reprendre le gueuloir à l'aide duquel Flaubert appréciait à l'oreille un texte destiné aux yeux.

En maison de correction

C'est généralement au moment où l'on commence à prendre en grippe son ouvrage que se présente l'attachée de presse. Une dame d'expérience qu'on n'impressionne pas car elle a connu Mauriac et Simenon. Ou une demoiselle que l'éditeur a engagée moins pour sa compétence que pour sa minijupe. Il existe cinq catégories de communicants : ceux qu'on ne voit qu'une fois parce qu'ils sont en train de rédiger un roman infiniment plus passionnant que le vôtre ; ceux qui ne jurent que par la télévision et auxquels la raréfaction des critiques littéraires semble donner raison ; ceux qui font appel à de vieux copains et sont incapables d'en contacter de nouveaux ; ceux qui parviennent à décrocher la couverture en couleurs d'un grand magazine ; ceux qui font valoir comme un exploit d'avoir obtenu dix lignes dans un quotidien de province. L'auteur leur doit les interviews qui expliqueront, prolongeront ou dénatureront son propos et qui, eux, n'émaneront que de quatre espèces de questionneurs : les très occupés qui, n'ayant pas lu le livre, n'interrogent l'auteur que sur des faits d'actualité ; les indiscrets qui s'intéressent davantage à la vie privée de l'auteur qu'à l'existence de ses personnages ; les méchants qui n'hésitent pas à dire à l'auteur le peu de plaisir qu'ils ont pris à sa fréquentation ; les faux gentils qui prédisent "ça peut se vendre puisqu'aujourd'hui on achète n'importe quoi". A la manière dont le présentateur attrape le bouquin et surtout le repose, le téléspectateur le moins futé comprend qu'il ne l'a parcouru que pour nourrir une petite famille. Avant de l'affronter, il a fallu subir le supplice du maquillage et l'intermède du selfie au côté du pompier de service.

A l'époque où la distanciation physique n'avait pas encore été instaurée, on n'échappait pas à la séance d'autographes. Souvent chaperonné par une amie chargée d'épeler le patronyme des acheteurs. Deux situations se présentent alors : ou bien il y a foule devant le stand et l'auteur use de deux ou trois formules très courtes et peu lisibles, ou bien il n'attire qu'un seul client et dans ce cas, il engage avec lui une interminable conversation afin de ne pas paraître trop seul. Les solliciteurs de paraphe émettent parfois d'étranges requêtes. Je me souviens d'un brave homme qui m'avait demandé de calligraphier sur la page de garde "A ma petite femme chérie". Comme je lui faisais remarquer que son épouse n'était pas la mienne, il avait tourné les talons en me privant ainsi d'une recette de deux euros et trente-cinq centimes.

Se l'instant book devient superflu par Roberto Cotroneo

Corriere del Ticino - 21.02.2020

Réflexion

Un phénomène éditorial populaire, né dans les années 60 mais qui aujourd'hui, dans un monde où les rythmes de circulation de l'information sont de plus en plus courts, montre toutes ses limites, comme dans le cas de l'opération impliquant Einaudi et les "sardines".

Que devient l'édition depuis quelques années maintenant ? La fabrication de livres est-elle toujours une profession différente des autres ? Ou est-ce que seul le marché compte ? Pas tellement pour chercher un bon lecteur, mais pour trouver quelqu'un qui achète le livre le plus rapidement possible, au-delà de ce que vous faites ? Ce sont des pensées, des raisonnements, bien sûr. Mais ma perplexité vient d'un mot qui était autrefois utilisé presque sous un murmure et qui est devenu aujourd'hui le symptôme d'un vice : le livre instantané.

Superficialité et imperfection

Le livre instantané est le fils de l'édition de masse. Né dans les années 60, il surfe sur une tendance, tente d'arriver à temps pour parler de thèmes qui passionnent le public. Et comme les délais de publication peuvent être très longs, instantané est un produit rapide, traité en peu de temps, qui ne prétend pas durer, au contraire : il ne veut pas et ne doit pas durer dans le temps. Et dans la superficialité et l'imperfection, elle a ses limites et sur le marché ses forces. Il était une fois de nombreux instantanés. Ce n'étaient pas des livres importants, car ils avaient une date d'expiration à l'intérieur. Après le phénomène, le livre s'est retrouvé sur des stands d'occasion ou dans la bibliothèque du grenier avec les volumes en vente dans les kiosques à journaux.

Il n'y avait rien de mal à imprimer des livres comme ça. Certes, les grands éditeurs de culture ne l'ont pas fait, ils n'en ont pas rêvé non plus. C'étaient des choses d'un rédacteur en chef ou de grands groupes d'édition qui, en plus de publier de la bonne littérature et des classiques, avaient le soi-disant "collier varié" où ils entassaient tout, et qui était un peu considéré comme la Cendrillon du travail éditorial. Une Cendrillon qui a contribué aux bénéfices.

Cadence effrénée

Mais c'était une époque où le livre instantané apparaissait comme quelque chose de ponctuel et de rapide, un juste milieu entre les choses que l'on pouvait lire dans les journaux et celles des livres pensés et écrits au temps nécessaire. Il a fallu six mois pour développer un instant sur un sujet d'actualité : entre une écriture arrachée, pour utiliser une manière de dire, l'impression, la distribution et l'arrivée à la librairie. Six mois dans ce monde de communication encore lent suffisaient à ne pas vieillir les thèmes. Aujourd'hui, un livre instantané qui sort après l'avènement d'un phénomène social, culturel ou politique, risque de ne plus le retrouver : dépouillé du web, des programmes de télévision, de l'information continue disponible et enfin de la fugacité de ce monde contemporain où tout rien ne dure et rien ne règne à son tour. Aujourd'hui, ce sont des romans importants qui ne durent que trois mois sur les comptoirs d'un libraire, encore moins des livres écrits pour rouler à la mode, ou à la mode.

Je me demande donc pourquoi un éditeur faisant autorité comme Einaudi, même dans sa version la plus populaire et la plus jeune, le collier Stile Libero, devrait envoyer un livre instantané écrit par des sardines à la librairie : le mouvement qui ces derniers mois a catalysé l'attention des médias italiens et Européens. Maintenant, je voudrais préciser que la série Stile Libero publie souvent de beaux livres, des auteurs importants, et les volumes sont traités avec sérieux, attention. Je voudrais également ajouter qu'au fil des années, Stile Libero a été et reste une série qui a ouvert des débats importants, qui ont, comme peu d'autres, porté une attention à la contemporanéité culturelle et littéraire. Alors pourquoi un livre signé par les quatre chefs des Sardines ? Intitulé : Les sardines n'existent pas.

Clins d'oeil

La phrase qui lance le volume, qui sera publié en mars, est la suivante : "Nous sommes nombreux. Peu importe qu'ils nous appellent sardines. Nous aurions pu être des esturgeons, des saumons ou des bouquetins. La vérité est que nous sommes personnes : des milliers de citoyens de tous âges qui remplissent les places, les rues et les chemins de toute l'Italie". Et bien sûr, il est plein de clins d'oeil, clins d'œil. Le premier est pour le grand Lucio Dalla, bolognaise comme les sardines : "C'est nous, nous sommes nombreux ..." Et c'est le début de la profondeur de la mer. Et puis il y a une certaine rhétorique des places, des citoyens, des rues, et même des "chemins". Ce sont des phrases qui peuvent être ressentir lors des manifestations. Ils ont un effet et signifient peu. Ils clignotent et restent en surface.

Mais aujourd'hui, nous n'avons pas besoin de mots à la surface. Et pas même des sirènes éditoriales. Aujourd'hui, nous avons besoin de silence et de compétence. Silence à travailler sérieusement pour l'avenir, avec la compétence de ceux qui savent ce qu'ils disent. De ceux qui ont étudié des problèmes et sont capables de les analyser et de trouver des solutions. Il y a un besoin d'une classe dirigeante qui s'est souvent formée sur les livres publiés par Einaudi. Et cela n'existe plus aujourd'hui. Comment, et du titre qu'il en déduit, il n'y a pas de sardines. Dit par eux-mêmes : admis et avoué. Des livres qui n'existent pas, des mouvements qui n'existent pas, des chemins qui ne se trouvent plus. Et la mer dans laquelle nous nous perdons, paraphrasant Lucio Dalla, s'approfondit.

Lire entre tablettes et papier, lire aujourd'hui est un hybride de Natascha Fioretti de Zurich

LE CAFÉ - 16.02.2020

L'autre façon de lire

Les livres étaient mes oiseaux et mes nids, mes animaux de compagnie, mon étable et ma campagne ; la bibliothèque était le monde fermé dans un miroir ; d'un miroir, il avait de la profondeur, de l'infini, de la variété, de l'imprévisibilité (Jean-Paul Sartre). Aujourd'hui encore, en ces temps de distraction numérique, où les librairies se renouvellent, créant des espaces plus grands, plus articulés et accueillants, chacun de nous peut réfugiez-vous dans le bruit de la ville pour vous consacrer à la lecture, découvrez les dernières actualités éditoriales, soyez surpris par la variété de l'assortiment, la multiplicité des services ou les conseils compétents du libraire. Et s'il n'y a pas de temps ou de désir, vous pouvez trouver tout en ligne sur des plateformes numériques qui permettent non seulement l'achat mais aussi divertir avec du contenu et des informations sur le monde de l'édition : du roman le plus lu ces derniers mois aux nouveautés sur les étagères, au livre le plus approprié pour nous selon nos goûts et nos habitudes. De la série : "Vous pouvez aussi trouver ce que Netflix vous offre!".

Juste à l'extérieur de la gare de Zurich, en direction de l'Europa allee qui, après des mois de travaux et de chantiers de construction, pas encore tous terminés, montre l'un des nombreux visages modernes et cosmopolites de cette ville, il y a un carrefour de personnes. Ils marchent vite avec une tasse de café prêt-à-porter écologique à la main, un sac à dos sur les épaules, des écouteurs sans fil colorés sous un bonnet en laine. Au numéro 8, avec de grandes fenêtres encadrées de profilés en bois élégants, la librairie Orell Füssli se démarque, la trente-sixième en Suisse, la dixième à Zurich, inaugurée l'an dernier pour les 500 ans du groupe.

Groupe qui doit ses origines à Cristoph Froschau qui en 1519 a imprimé et commercialisé la Bible Zwingli. L'imprimerie et la maison d'édition en 1626 passèrent à la famille Bodmer puis furent reprises en 1766 par Rudolf Füssli qui fit peu après l'alliance avec l'éditeur Orell et avec la famille Gesner donnant naissance à Orell, Gessner, Füssli & Cie. En 1780, ils sont entrés dans le marché de l'impression écrite donnant vie, Salomon Gessner était l'un des grands promoteurs de la Neue Zürcher Zeitung. Le reste appartient à l'histoire. Donc, si, comme l'écrit Gabrielle Zevin, l'auteur à succès The Measure of Happiness, comme une petite fille a appris à un libraire à aimer les livres, "une ville sans librairies est un endroit sans cœur", Zurich, et pas depuis hier, en a plusieurs (des coeurs) et pas tous enregistrés par Orell Füssli.

Il est vrai que la stratégie de cette entreprise, leader sur le marché suisse de l'édition et du livre, est particulièrement intéressante pour sa recette qui semble fonctionner en période de distraction numérique. Comme l'explique Simona Pfister-Flammer, membre exécutif du groupe Orell Füssli Thalia Ag, les éléments qui contribuent à la finalité sont multiples mais on prévaut sur tous : "Harmoniser et relier notre offre et nos services sur les librairies numériques et physiques. Au fil des années nous avons développé une offre multicanal que l'on retrouve dans tous les contextes - numérique ou physique - permet à nos clients de vivre des expériences uniques dans le monde du livre ".

Si vous entrez dans la boutique Europa allee qui couvre une superficie de 300 mètres carrés enveloppée d'une lumière chaude, meublée de tables et d'étagères en bois clair, les murs peints dans des couleurs pastel douces, vous serez saisi par le désir de vous laisser aller dans l'un des fauteuils confortables et vous permettent de lire sans vous étouffer. En plus, bien sûr, d'une large sélection de livres, l'espace dédié à ceux en anglais est remarquable, vous trouverez ici des objets de papeterie raffinée, des jeux et des idées de cadeaux, le dernier modèle de l'e-reader Tolino et une longue table avec vue équipée de prises pour recharger PC et smartphones. Et s'il n'y a pas de problème avec le livre que vous cherchez, vous pouvez le commander et vous le recevrez chez vous le lendemain. Si vous voulez combiner l'expérience de lecture avec un bon café, à Zurich l'adresse pour vous est au numéro 4 de la Füsslistrasse, tandis qu'à Bâle vous pouvez vous rendre au numéro 17 de la Freie Strasse "nos librairies veulent être un lieu de rencontrer et arrêter pour passer du temps de qualité".

Dans la vaste géographie, les identités des livres d'Orell Füssli sont divisées en trois groupes : les grandes librairies dans les centres névralgiques des grandes villes, les plus petites dans les centres ou ruelles historiques et les grandes fréquences situées dans les gares et les aéroports. Dans tous les cas, ce qui se trouve dans la librairie se retrouve également en ligne et inversement selon une formule inclusive. "Selon les besoins, nos clients lisent le livre en format physique le dimanche après-midi à la maison, en format ebook sur Tolino ou en format audio s'ils voyagent en train - reprend Pfister -Flammer -. Ou ils passent du temps sur notre site à lire Les conseils de nos experts sur les dernières nouveautés de la librairie ou sont orientés avec notre appli. Ce qui caractérise nos clients aujourd'hui, c'est une lecture hybride qui avec agilité passe d'un médium à l'autre".

Rédacteurs par Michele Fazioli

Corriere del Ticino - 27.01.2020
Si, au milieu des années 1800, le classement des livres les plus vendus avait existé, il ne fait aucun doute que Charles Dickens (dont il se souvient aujourd'hui de sa mort, il en aurait 150) serait apparu depuis très longtemps. Et avec plein mérite, pour le succès et pour la qualité. Je reviens ensuite à Dickens, mais je tiens d'abord à dire que le classement actuel des livres les plus vendus est toujours une mauvaise habitude. S'ils sont manipulés avec soin par des professionnels, ils sont utiles comme indication du marché sur les goûts du public : pour survivre, un éditeur doit aussi vendre, et donc travailler pour économiser, si possible, la qualité et le portfolio. Mais agiter des feuilles de tableaux de vente de livres au public est une distorsion culturelle. Les excellents encarts culturels de "Corriere della Sera" et "Repubblica" consacrent chaque semaine deux pages centrales au classement des ventes et nous pouvons ainsi par exemple découvrir qu'un roman de Claudio Magris est largement dépassé dans le classement par un livre de Fabio Volo et de "All Totti's Jokes". À quoi ça sert ? Et comme si chaque semaine les palmarès des musiques les plus populaires étaient publiés, avec Albano et Romina dépassant Paolo Conte et De Gregori, et Neck vendant plus que Beethoven. Après avoir clarifié cela, j'ajoute immédiatement qu'être beaucoup lu par un écrivain est souvent un signe de talent. Mais pas toujours. Il arrive que ceux qui vendent beaucoup sont des auteurs médiocres mais intelligents. Mais même certains écrivains qui ne peuvent pas vendre en croyant qu'ils sont mal compris ne sont souvent pas de bons écrivains même s'ils le croient. Je cite un passage d'un roman-essai du sociologue Marc Augé : "Je n'ai jamais compris pourquoi Nico (un écrivain) n'était jamais invité à la télévision. Les ventes de ses livres augmenteraient. Savez-vous combien d'exemplaires il a vendu de son roman ? 752 Il m'a dit une fois, ajoutant que ça allait. Mais même s'il essaie d'être indifférent, je sais qu'il s'est trompé. Avec tout le temps qu'il lui a fallu pour l'écrire, la douleur donné ! Que voulez-vous, ce n'est pas un livre pour le grand public. Mais pourquoi donc ne fait-il pas des livres pour le grand public ? Il écrit bien. Il serait capable, j'en suis sûr. Mais le seigneur est au-dessus de certaines ambitions communes. Il écrit pour lui-même, pas pour les autres. Qui sait pourquoi les autres devraient être "Augé ironise l'ambition d'un écrivain, le pouvoir consumériste de la télévision et le dilemme éternel : l'écriture pour le public ou pour la valeur intrinsèque, qui ne sera peut-être reconnue que par la postérité (mais alors l'écrivain sera déjà mort) ou Heureusement, il y a eu et il y a des écrivains qui ont su allier qualité et attractivité, souvent avec talent, parfois avec génie : Dickens (nous voici) a beaucoup vendu et a été aimé du public et loué par la critique. Des romans ont été publiés en versements hebdomadaires et chaque samedi matin, lorsque le bateau postal a accosté sur la Tamise dans le port de Londres, des centaines de personnes se sont rassemblées pour pouvoir se saisir avant que les exemplaires du journal ne soient épuisés par le nouvel épisode du roman de Dickens. Charles Dickens est entré dans les veines d'au moins quatre générations britanniques et du monde comme une lymphe de récit puissant qui a créé des légions de fièvre Les lecteurs d'Ili capturés par un monde imaginatif d'émerveillements, d'excitations, de peurs, d'émotions, de sentiments. Dickens a peint avec un réalisme visionnaire la réalité d'un Londres fuligineux et socialement strident, le scrutant dans les ravins sombres de sa pauvreté humaine et de sa misère, des orphelins angoissés et des manipulations avides, des renards scélérats, des personnages comiques, des figures généreuses. Dans les dédales des rues sales du Londres du XIXe siècle, le long des eaux boueuses de la Tamise, dans les vieilles maisons mystérieuses, dans les cours surpeuplées et dans l'enchevêtrement de personnages populaires, Dickens met sa grande connaissance narrative et son art scénique au service d'un puissant portrait social. Il a peut-être aussi des moments de forçage et de redondance complaisants, mais la puissance de son écriture déchire le temps. Ce n'est pas un marché. Et la littérature.

Il était une fois la librairie de Roberto Cotroneo

Corriere del Ticino - 23.01.2020

Réflexion

Un peu partout où ils meurent, tués par une relation à la lecture radicalement modifiée au cours des cinquante dernières années ainsi que par une technologie capable de tout nous offrir à la fois et à moindre prix - Une révolution imparable qui nous laisse cependant plus pauvres et plus seuls. Il était une fois une seule librairie dans ma ville, dirigée par un vieux monsieur nommé Giuseppe. Il y avait le comptoir. Vous êtes entré et au son de la sonnette, il est apparu et vous a demandé: "Voulez-vous ?". Vous lui avez dit quel livre vous vouliez et il a pris son escalier en acier chromé dont il était fier, est monté, a trouvé le volume, est descendu avec incertitude et vous l'a remis avec respect. Cela fonctionnait comme ça. Mais c'est la préhistoire. Parce qu'alors nous sommes passés du libraire aux librairies. Et les bibliothèques n'ont pas nécessairement de libraire immédiatement identifiable. Il peut également y avoir une personne qui ne trouve que le livre pour vous. C'était agréable dans les années 1960 de constater que les librairies n'étaient plus des librairies, mais des espaces culturels. Où se déplacer, rechercher, découvrir, parcourir. C'était un nouveau monde. Vous ne saviez peut-être pas ce que vous auriez choisi, vous pouvez entrer parce que vous vouliez un titre spécifique et sortir avec un autre titre. Mais ensuite est venue la crise. Les données de ces jours, publiées par l'Association des libraires italiens, sont une phrase tragique: 2 300 librairies ont fermé en Italie au cours des cinq dernières années. Et ce ne sont pas seulement des libraires indépendants, mais des chaînes de librairies ferment également leurs portes. A Rome, par exemple, deux Feltrinelli sont sur le point de fermer.

À qui la faute ?

Évidemment, les journaux en discutent avec une inquiétude légitime et disent que c'est la faute de la distribution, des grands éditeurs, de la loi sur le livre qui est bloquée au Parlement. Et c'est à cause des rabais que les grandes chaînes peuvent pratiquer et les petits libraires à la place. Et enfin et surtout, c'est la faute d'Amazon, qui pratique des remises encore plus élevées, et qui détient désormais plus de 25% du marché. C'est tout à fait vrai. Mais il y a d'abord mon libraire d'Alexandrie. Ce vieil homme grimpant à l'échelle. Lorsque la modernité est arrivée, il a baissé le volet. Mais d'autres ont ouvert avec de nouvelles règles. Dans ma ville, il y avait six ou sept librairies où vous ne deviez pas demander mais entrer et choisir. Et ils avaient des tonnes de titres. Le fait est qu'au-delà de toute une série de problèmes commerciaux qui ont un poids, au-delà des remises, qui en période de crise économique comptent pour beaucoup, il y a deux aspects qui pèsent plus que tout.

Cela dépend du type de texte

Le premier est facile, évident et incontestable. La baisse des lecteurs, la baisse du marché. Les données ne sont pas très claires, qui dit que c'est 10%, qui monte à 50%. Cela dépend du type de livre. Mais le deuxième aspect est encore plus intéressant. Parce que c'est culturel. C'est la pulvérisation de la lecture. Et cela ne dépend pas seulement d'Amazon mais c'est un processus qui a évolué depuis cinquante ans. Pourquoi mon ancien libraire a-t-il fermé ses portes ? Parce que les nouvelles librairies vous permettaient de "naviguer" dans leurs espaces, elles avaient de nombreux titres, et vous pouviez choisir. Alors que Giuseppe vous a demandé, "voulez-vous ?" les Feltrinelli ont modernisé les flux culturels. Il y avait beaucoup de livres, les chemins étaient personnels. Les processus mentaux qui ont conduit à l'achat d'un livre étaient imprévisibles et en eux-mêmes très intellectuels, vous étiez donc dans une librairie mais aussi dans une bibliothèque. Avec Amazon, ce processus a lieu en premier. Vous parcourez, pensez, recherchez, utilisez Google, à travers l'espace web à la recherche d'une histoire, un thème qui vous passionne. Vous le faites sans penser directement à un livre, mais vous tombez sur un titre. Ce n'est pas nouveau, peut-être qu'il n'est pas publié par un éditeur qui est sur les comptoirs des libraires, mais Amazon le propose, à prix réduit, à votre domicile, en une journée. Apparemment, vous n'avez plus besoin d'un libraire, pas même d'un commis, qui ne sait rien du livre, mais sait seulement où il se trouve et va le chercher, l'algorithme d'Amazon s'en occupe désormais. Vous choisissez et payez.

Les difficultés du libraire

Et c'est un catalogue sans fin, totalement disponible. Mais sans médiations culturelles. Que pensez-vous de ce titre ? Et le libraire : "J'ai lu les volumes précédents de cet auteur et il m'a convaincu". Les libraires tentent de combattre Amazon en se concentrant sur les nouveaux titres, sur ce qui est vendu. Mais c'est un canot de sauvetage qui ne les sauve pas. En effet. Amazon gagne parce qu'il fait le contraire : il vend tout de la même manière. Il n'y a pas de titre à moitié caché et un empilé devant l'entrée. Et puis il y a un monde de livres, tous ensemble, tous possibles, tous en une journée, parfois sans qualité, sans filtres, car Amazon vend tout de la même manière, même des romans publiés contre rémunération par des auteurs irréalistes. 2'300 librairies ferment, c'est trop en cinq ans. Si cela continue, nous serons sans bibliothèques. Et ce sera un appauvrissement aussi social : celui d'échanger un chat avec un inconnu devant un livre, ce qui était une belle chose. Mais même pour cela, il y a maintenant Facebook, où tous sont des critiques littéraires, tous des commentateurs, tous des auteurs et tous seuls. Bien sûr.

Le concours qui tue la culture de Roberto Cotroneo

Corriere del Ticino - 16.01.2020

Réflexion

Au début, ce sont les stars qui ont récompensé les meilleurs restaurants, puis la manie de classer tout dans tous les domaines, du cinéma à l'écriture - Mais ce qui ressort dans les "charts" n'est pas toujours synonyme de qualité et pas toujours la concurrence est saine. Au début des années 90, Alberto Arbasino, un écrivain important, presque un classique vivant, connu pour son snobisme, son détachement, m'a dit une chose : "Avez-vous déjà jugé un restaurant par le nombre de places qu'il fait chaque soir ?". J'ai été surpris : "que voulez-vous dire ?" "Je veux dire que cette tendance du classement des livres est insensée. Comment jugez-vous un livre par le nombre d'exemplaires vend ?" Le raisonnement était élémentaire. Dans ces années-là, les encarts culturels des journaux commençaient à publier chaque semaine les résultats des livres les plus vendus, avec des projections sur des échantillons de librairies. Comme cela se fait aujourd'hui avec les sondages sur les pourcentages des partis. Il semblait un jeu. Mais c'est la société qui change. Personne ne peut imaginer que la culture subisse un coup dur d'une habitude sociale liée au classement : l'idée de succès, de gagner et de perdre. La littérature ne doit pas avoir de relation directe avec le succès. Depuis des années, il y a des écrivains qui n'ont jamais connu de succès commercial, qui font autorité et lisent constamment.

L'exclusivité de la table

Pendant des années, comme l'a dit Arbasino, les restaurants ont toujours été choisis parce qu'ils sont exclusifs. Et pour faire des classements, mettre quelqu'un sur le podium, ils ont inventé les étoiles, comme le très autoritaire Michelin, ou les fourchettes, les cuillères, tout ce qu'il pouvait dire : ce oui, ce moins, et ce non. Puis, lentement, la même pensée est venue au cinéma, et les stars ont été inaugurées : cinq, quatre, une, à voir, à ne pas voir, le box-office, la collection et tout ce qui suit. Puis vint le verdict des cotes d'écoute des téléviseurs. Que fera Sanremo en 2020 ? Un million de plus que Baglioni, ou Amadeux perdra-t-il le défi à la place ? Et encore : il y a le oui et le non de X-Factor, qui excluent un artiste ou le promeuvent. Il y a le tablier Master Chef : "Enlevez votre tablier ! Vous êtes sorti de la cuisine Master Chef". Et dans tous ces talents, il y a toujours un flot de larmes. Des hommes et des femmes, souvent des adultes et même des personnes âgées, qui pleurent parce qu'ils passent le quart de travail, qui pleurent parce qu'ils doivent sortir, qui pleurent parce que le patron, le chef, les traite durement ou avec sarcasme. Aujourd'hui, la littérature, la poésie et l'écriture sont une culture. Et le cinéma, c'est la culture. Et la musique, la chanson. Et la cuisine est la culture. Et c'est tout un jeu d'idées, de contaminations, mais aussi de pensées. Et de lenteur. Des attentes, des doutes, même des flashs, bien sûr. Mais surtout de comparaison, de discussion et de distinction. Mais l'époque de la télévision ne le permet pas, ils inventent des formats rapides et spectaculaires. Où vous gagnez ou perdez.

Plus vendu égal plus valide ?

Les livres entrent dans le classement. Qui est en première place compte, qui est en dernière place ne compte pour rien. Les restaurants sont jugés selon des normes strictes. Le cinéma a les recettes. Le dernier film de Checco Zalone, Tolo Tolo, parlait presque tous les jours de combien il collectait : il dépassait 40, puis 50, puis 60 millions. Sanremo sera un succès s'il dépasse celui réalisé l'année précédente par un spectateur, au-delà des mérites. Et il est facile de comprendre que nous abattons plus d'une génération. Et pas parce que nous nous concentrons sur la compétitivité mais parce que nous avons emprunté le modèle du gladiateur qui s'adresse à l'empereur à l'intérieur du Colisée. L'empereur est le marché, et le marché est le succès. Une compétition spectaculaire qui ne repose que sur l'élimination.

Une logique sportive

Tout vient du sport. Mais il est normal que, par exemple dans le football, il y ait 90 minutes de jeu, un résultat, un classement : et il y a ceux qui gagnent et il y a ceux qui perdent. Et les journalistes sportifs savent que c'est trop simple, c'est pourquoi ils font de la philosophie depuis des années : tous les programmes sportifs se sont transformés en gymnases herméneutiques. C'est une analyse, un commentaire, des considérations, quel que soit le résultat final. Mais alors que le sport essaie de s'affranchir de la logique du perdant et du vainqueur, car ce serait ennuyeux à long terme, nous avons étendu ce modèle à tout le reste. Avec quels résultats ? Il est encore tôt pour le dire. Mais bien sûr avec un changement de comportement social. L'idée de médiation, le raisonnement sur ce qui a été fait, la capacité de lire, de ne pas vouloir s'arrêter à la solution la plus évidente ont fait place à un mantra contemporain : qui gagne a raison. Et celui qui réussit gagne. Et ceux qui recueillent un consensus réussissent. Et le consentement est tout. Et cela, sans faire de comparaisons historiques qui sautent aux yeux de personne, est dangereux et inquiétant. Bertolt Brecht est l'auteur d'une phrase célèbre, qui devrait être écrite sur tous les murs, partout : "Nous nous sommes assis du mauvais côté puisque tous les autres endroits étaient occupés". La culture est notre avenir, notre bouée de sauvetage, et ce n'est pas une course. C'est une ressource. Une façon de comprendre et de vivre le monde. Il faut l'enseigner avant qu'il ne soit trop tard.
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